Le samedi 1er juillet 1967, à Lunéville (Meurthe-et-Moselle), le pilote Georges Kern emmène à bord d’un Commodore, trois parachutistes sportifs. Le vol de montée à 2000 m se passe bien mais les choses tournent mal dès la sortie de l’avion du premier sauteur. Quelques minutes plus tard, l’avion s’écrase dans un champ. Heureusement, aucun des occupants n’est blessé. Tous se retrouvent au sol après avoir évacué le Rallye en vol.
Homologué pour cette tâche, le MS 893 A Rallye Commodore 180 est parfois utilisé pour le parachutage, emportant trois parachutistes à bord. L’avion est certifié, bien qu’il ne soit pas le mieux adapté à cette mission si on le compare aux avions à aile haute.
Comme souvent à la suite d’un accident aérien, la presse publie des articles dont le contenu comprend des informations trop sommaires voire inexactes. À l’occasion de l’accident de Lunéville, celles-ci le sont au point d’être préjudiciables à la réputation de l’avion alors que celui-ci n’est pas en cause. SOCATA décide donc de publier le rapport établi par Georges Kern pour couper court aux rumeurs.
Que s’est-il passé pendant ce vol ?
Le compte-rendu d’accident rédigé par le pilote explique la chaîne d’événements qui ont conduits à la destruction du Rallye.
L’avion, équipé en version « largueur », était arrivé à 2000 m d’altitude, volant verrière ouverte en palier, prêt à laisser sauter les trois parachutistes à bord. Le premier à sortir prit place sur l’aile droite, conformément à la procédure établie mais, en se courbant, il libéra accidentellement le système de verrouillage du parachute. Ce dernier s’ouvrit subitement, allant s’accrocher dans l’empennage horizontal de l’avion.
Le parachutiste, Gérard Eppeger, parvint à se dégager au bout de quelques secondes et à ouvrir normalement son parachute de secours ventral. Mais les empennages avaient été sérieusement endommagés ; malgré cela, le pilote ne perdit à aucun moment le contrôle de son avion dont les qualités lui permirent d’éviter la vrille, malgré un centrage arrière important et inattendu.
Un sac de voilure fautif
Les deux parachutistes restant évacuèrent normalement l’avion. Puis le pilote, considérant que les dégâts sur l’empennage rendaient problématique son contrôle jusqu’à l’atterrissage, prit la sage décision de sauter à son tour. Les quatre hommes se retrouvèrent au sol sains et saufs, tandis que le Commodore allait s’écraser dans un champ après avoir perdu son empennage quelques instants avant l’impact.
Après enquête, il semble que l’ouverture prématurée du parachute, cause de l’accident, ait été due à une transformation, réalisée dans les Centre Inter-Clubs, qui a pour effet de diminuer la rigidité du sac renfermant la voilure. Un essai, réalisé au sol avec le même type de parachute, donna un résultat identique : une ouverture inopinée au moment où le parachutiste se penche vers l’avant et s’accroupit, dans un geste identique à celui fait par G. Eppeger sur l’aile de l’avion.
Relayé par la presse spécialisée (1), ce rapport dédouanait le Rallye de tout défaut remettant en cause sa fonction de largueur et rendait caduques les rumeurs que certains étaient toujours prêts à colporter sur l’avion.
Notamment Air & Cosmos n° 207, du 28 juillet 1967, sur lequel nous nous sommes appuyés pour rédiger cet article.